jeudi 31 juillet 2014

Back to Breizh

Voilà, mon séjour au Japon est terminé. Je suis bien rentrée en Bretagne. C'est la fin d'une très belle année riche en rencontres et découvertes. Je suis très reconnaissante envers toutes les personnes qui m'ont aidé tout au long de ces mois. Je me trouve très chanceuse. Je vais avoir besoin d'un peu de temps maintenant pour digérer tout cela. Mais la page Japon n'est peut-être pas finie. C'est aussi maintenant le début d'une nouvelle étape.

Le blog lui va se conclure en attendant de renaître un jour qui sait. Merci de l'avoir suivi. J'ai pris du plaisir à le tenir même si les postes étaient parfois assez irréguliers. Il y a aussi d'autres sujets que j'aurais aimé évoquer mais le temps et l'énergie m'ont parfois un peu manqué. Désolée. J'espère toutefois être parvenue à partager un peu de cette année.

Merci encore et またね!

Les souvenirs de la vie :
https://www.youtube.com/watch?v=dYTyQiX6S8U

mardi 29 juillet 2014

Le champ des savoirs

En Japonais Paysan se dit généralement 農民(noumin) ou 農家 (nouka) qui signifie "celui qui travaille, laboure la terre".
Un autre terme peu utilisé aujourd'hui mais que j'ai pu entendre un peu à Hokkaido pour désigner la profession de paysan est 百姓 (hyakushou).
En chinois cela signifie littéralement les "cent noms". En japonais cela se traduit plutôt par les "cent professions". Le paysan  représente ou reprensentait des personnes qui possédaient de nombreux savoirs-faire. Les paysans vivaient sans doute finalement assez en autonomie au sein de leur village. Pour faire fonctionner ce dernier chacun en plus des tâches liées au soin de la terre, des animaux, de la ferme et des tâches ménagères, des travaux de constructions,  la chasse etc, devait occuper différentes fonctions plus ou moins administratives au sein du village.

En cela et de par leur fonction de nourrisseur de la population la classe des paysans était une classe assez élevée et respectée dans la société à l'époque Edo au XVIIème siècle. La société se divisait en Quatre classes le "Shinokosho". En première position se trouvait les samourais (  士shi), puis les paysans ( 農 nou), et enfin les artisans ( 工 ko) et les marchands  (商sho).
Je ne sais pas trop ce qu'il est en de l'image du paysan en générale dans le Japon d'aujourd'hui. La société tend à la spécialisation des savoirs plus qu'à une connaissance peut-être moins précise mais plus générale. La spécialisation des cultures dans l'agriculture industrielle tend également à réduire les activités au sein de la ferme. Les machines bien que souvent d'une grande aide font que les tâches peuvent se faire seul et rendent le métier d'agriculteur parfois plus solitaire. Le collectif perd peut-être de sa puissance.

Enfin, je souhaite rendre hommage à mes différents hôtes qui possèdent tous un horizon et des compétences larges. Certains ont bâti eux-même leur maison, ils sont parfois artisans, très bons cuisiniers, des  biologistes, de bons professeurs, des artistes etc. Je suis très reconnaissante d'avoir pu rencontrer de telles personnes. Le wwoofing a été une superbe expérience. Il y a eu des hauts et des bas mais le bilan est très positif. Pouvoir parler un peu japonais est quand même un atout. Tous les hôtes ne parlent pas anglais. Pouvoir échanger avec ces hôtes constitue aussi le terreau d'un beau wwoofing.

Grâce au Wwoofing, des centaines d'enseignements ont été possibles. A moi maintenant de les cultiver.

Peut-être qu'il pourra en naître quelque chose de beau. Cultiver l'art et les champs sont deux activités très proches. Pour exemple, ces paysans de la province d'Aomori qui font des  rizières de véritables œuvres d'art ! 

samedi 26 juillet 2014

Tous au Larzac, Pages bios et pommes d'Happy

 A voir, à lire à découvrir. Je présente ici de façon simplifiée un film, une revue et un personnage qui ne doivent pas être très connus en France mais qui mériteraient peut-être de l'être et d'être traduit si cela n'est pas déjà fait.


A Setana, Yoko-san nous avait emmené à la conférence d'un étudiant venu d'Okinawa. Il fait le tour du Japon pour parler de la situation d'Okinawa et de la présence des bases Américaines très nombreuses là-bas. 
A cette occasion il nous a montré un passage du film documentaire "標的の村" Hyoteki no mura" ou "The Targeted village" réalisé par Mikami Chie. Ce documentaire présente le mouvement d'un village mais aussi des habitants d'Okinwa en général contre la présence de l'armée américaine sur l'île. En particulier la base Futenma située en plein centre de la ville de Ginowan.  Les avions et hélicoptères survolent ainsi la ville, les écoles. Un avion s'est déjà écrasé dans la ville faisant plusieurs morts par le passé. 
Le film se concentre également sur la résistance des habitants de ce village face à l'arrivée d'un nouvel engin de guerre l'Osprey.

 Pour accueillir cet hélicoptère, les américains soutenus par le gouvernement  Japonais souhaitent bâtir une piste d'aviation à proximité du village. Les habitants ont lutté, les répressions ont été violentes mais malheureusement depuis la parution du documentaire l'Osprey a déjà fait son apparition sur le sol japonais. (je ne sais pas pour la piste en revanche). La lutte continue mais la situation évolue peu. 
Les citoyens doivent aussi faire face au Slapp "Strategic Poursuit Against Public Participation"  ou "poursuite Baîllon qui confère aux américains et puissants japonais une légitimité et protection. Les citoyens qui militent se retrouvent ainsi en torts et sont sous la menace de procès.
Le Japon est sur le point de revoir l'article 9 de sa constitution qui fait du Japon un pays qui doit renoncer à la guerre. Cet article était un symbole qui devait faire du Japon un exemple en tant que pays pacifique. Il n'en reste pas moins que le pays possède une armée défensive très puissante et que les diverses bases américaines dispatchées dans le pays font finalement de l'île un berceau d'armement.
On dit souvent que le Japon est un pays paisible. Ce documentaire aux travers des diverses problématiques qu'il présente interroge la question de la paix "qu'est-ce qu'un pays en paix ?", qu'est-ce que la paix ?". Nous voyons que les chants de paix sont souvent noyés dans le tumulte et des machines à faire la guerre....
Le site officiel du film : http://www.hyoteki.com/
Et un lien qui décrit un peu la situation que le film présente (en anglais) : http://ajw.asahi.com/article/behind_news/social_affairs/AJ201309010007


J'enchaîne sur la revue pour laquelle travaille le fils ainé de Kazuya-san et Yoko-san.



Il s'agit de la revue 現代農業 (Gendai nougyou : "agriculture moderne"). Les journalistes partent de fermes en fermes dans tout le pays à la rencontre des paysans et des histoires qu'ils ont à raconter. Leur connaissance de la terre, des recettes, les secrets des plantes. Mais aussi des contes et des légendes rurales. Chaque numéro se centre sur un thème spécifique, comme ici les patates douce, ou encore la maladie des plantes etc.   Une revue qui encourage aussi les jeunes à se tourner vers l'agriculture dans un pays où les campagnes sont de plus en plus désertées. Cette revue est très intéressante. Elle reste cependant principalement lue par les personnes en lien avec l'agriculture. 
Le point noir : d'après ce que j'ai compris des conditions de travail, la revue qui met en avant des systèmes de vie alternative mène quant à elle la vie dure à ses employés.  

Site officiel de la revue  : http://www.ruralnet.or.jp/gn/

Et enfin je termine par une brève présentation d'un Pierre Rabhi japonais : Kimura Akinori

Kimura-san est né dans la préfecture d'Aomori dans le nord de l'île de Honshu. Cette préfecture est célèbre pour ses pommes. Kimura-san a très vite été séduit par la lecture de Fukuoka Masanobu qui prône l'agriculture naturelle. Or les pommes restent un des produits qui consomme le plus de produit chimique. Les pommes 100 % n'existent quasiment pas. Kimura-san a donc décidé de consacrer sa vie à parvenir à produire des pommes 100% bio. Les premières années ont été difficiles. Les pommes étaient dévorées par les insectes ou très petites. Mais son projet l'a conduit à une connaissance très profonde de la terre, de la biologie etc. Il pratique ce que l'on appelle les plantes compagnons. Planter des pommiers seuls n'est pas concluant. Il est nécessaire des diversifier les productions et de planter avec les pommiers du blés par exemple ou du soja. Ces plantes compagnons sont censées attirer vers elles les insectes et de protéger les cultures principales. (je simplifie, je ne suis pas une experte). Les mauvaises herbes jouent également un rôle dans la nutrition de la terre. Elle permette de rendre une terre fertile qui va permettre aux légumes et arbres fruitiers d'être plus fort.
Enfin après 10ans de recherche, Kimura-san est parvenu à produire des pommes de bonne taille, épargnées par les insectes et 100% biologiques.

Un film est sorti cette année sur Kimura "奇跡のリンゴ" (kiseki no ringo, "pomme miracle")
. Un film non documentaire. Je ne l'ai pas vu. 
Kimura-san a également écrit plusieurs ouvrages sur ces recherches. Ils animent également plusieurs conférences dont certaines ont été filmées. Yoko-san nous en a fait visionner une. Kimura-san est une personne qui tente de sensibiliser les gens au respect de la terre et incite chacun à mener une démarche éco citoyenne dans son intérêt, celui des autres et de la terre. Comme Pierre Rabhi, il aime à raconter l'histoire du colibri :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit :« Je le sais, mais je fais ma part. »

Site officiel de Kimura-san : http://www.akinorikimura.net/

jeudi 24 juillet 2014

Le temps des cerises en toute saison

Encore désolée pour ce long silence. Mon dernier wwoofing s'est terminé dimanche. Retour en France la semaine prochaine. Ce wwoofing a encore été une très belle aventure. J'ai donc travaillé pendant trois semaines dans la ferme laitière de Kazuya-san et Yoko-san. Cela fait bientôt dix ans qu'ils ont bâti cette ferme. Avant cela ils étaient tous deux enseignants de japonais dans un lycée à Osaka. Mais là encore l'évolution du système éducatif et la pression que doivent porter les enseignants ont poussé Kazuya-san à réaliser un de ses rêves : celui de vivre à la campagne et d'élever des vaches. L'image des vaches qui broutent dans les prairies l'a toujours attiré (même si cette réalité ne concerne finalement que peu de vaches) tout comme Hokkaido et ses grands espaces naturels radicalement différent de sa vie de citadin qu'il avait toujours menée. Enfin il se trouve que sa femme est originaire d'Hokkaido. Avant de se lancer, il a vadrouillé pendant un an à Hokkaido à la rencontre de d'autres éleveurs de vaches où il a étudié les bases du métier. Une année difficile mais qui l'a encouragé à avoir sa propre ferme bâtie selon ses idéaux et son propre rythme. Sa femme et ses enfants l'ont rejoint et ils ont posé leurs valises près de Setana. Une telle reconversion n'est pas facile. Mais la solidarité du couple et celle d'amis éleveurs de la région ont permis à leur ferme de voir le jour. Je lui souhaite encore de belles années devant elle. 

Setana est une région assez isolée. Peu de jeunes, peu de transports également. Les vaches doivent cependant y vivre bien. Elles ont l'espace pour pouvoir se dégourdir les jambes et  contempler là encore de beaux paysages. Ils élèvent une vingtaine de vaches, des holsteins qui résistent relativement bien au froid. 



Ils élèvent également un petit veau pour leur future consommation : Yami-kun très joueur. Mais dans deux ans ils lui diront au revoir et recevront sa viande. D'ici là, Yami-kun a de quoi passer de beaux jours dans cette très belle ferme.
 

Chez Kazuya-san et Yoko-san on croise aussi des chèvres, un chien (Cookie). Il y a aussi un chat (nianta), un lapin et quatre poules.

Les journées commencent à 5h30 pour la première traite du matin. La seconde est à 17h. Il faut d'abord préparer la salle, le foin pour tenir les dames en patience pendant la traite, et rassembler ces dernières qui passent tout leur temps dehors jusqu'au prochain hiver.
Au premier plan, Kakipi vache pleine d'amour
Le moment de la traite est aussi un moment où il est possible de faire connaissance avec les vaches. Elles ont toutes leur caractère, des sociables, des moins sociables, des tranquilles, des actives, de grosses mangeuses etc.
 On ne trait pas les vaches qui sont à quelques semaines de l'accouchement. Kakipi allait bientôt donner naissance à un petit veau et était donc exemptée de traite. Les 5 premiers jours qui suivent l'accouchement le lait  n'est pas non plus commercialisable.

La traite ne se fait pas à la main. Avant d'utiliser le "milkeur", on vérifie toutefois à la main si le lait ne contient pas d’impureté puis la machine fait le reste. Le lait part dans les tuyaux jusque dans une cuve située dans une pièce adjacente. Chaque vache produit en moyenne entre 26 et 30 litres de lait par traite. Le prix du lait au Japon est de 80yen le litre (soit 0,58 euros). Et il n'y a pas de différence de prix entre le lait des vaches qui ont été élevées de façon "biologique" et les élevages industriels. Le lait est récupéré une fois tous les deux jours par un camion. Et la aussi malheureusement il est mélangé avec les laits des éleveurs industriels qui nourrissent sans doute leurs bêtes avec beaucoup de maïs OGM...



Les vaches se mettent à leur aise avant de retrouver les vertes prairies.
Un des gros travail du printemps et de l'été est le fauchage et la  préparation des balles de foin pour l'hiver. Kazuya-san possède plusieurs terrains. Avant l'hiver chaque champ peut être utilisé trois fois environ.


 Après avoir rassemblé l'herbe et emmené les balles jusqu'à la ferme, on les place dans une machines qui les filme. Si la saison est bonne, ils n'auront pas besoin d'acheter de foin pour l'hiver. L'hiver la neige recouvre tout. Les vaches ne peuvent pas sortir aussi elles ne se nourrissent que de ce qui a été récolté pendant l'été.
Enfin , hormis les travaux autours des vaches, mes autres activités à la ferme consistaient à s'occuper des petits champs de Yoko-san, couper du bois pour leur storbe pour l'hiver, de balader le chien, d'aider Yoko-san à la préparation de levures bio pour faire du pain etc.
Les deux premières semaines je les ai partagées avec un étudiant en agriculture de Nagano. Yoko-san nous a emmené dans de nombreux endroits. Ici la ferme laitière de Murakami. (http://www12.plala.or.jp/mkfarm/) Ils y produisent des glaces et du fromage. Une entreprise familiale qui marche plutôt bien.
Yoko-san est un très grande militante. Elle ne manque pas une occasion de nous présenter à des camarades de luttes afin de nous sensibiliser aux problématiques comme actuellement le nucléaire, l'article 9 de la constitution ou encore l'accord du TPP. Yoko-san et ses amis  regroupent aussi leur courses et tentent de s'échanger au plus leur production. Une solidarité nécessaire dans cet endroit un peu reculé où l'hiver est rude. J'ai été impressionné par l'énergie de Yoko-san qui semble ne jamais baisser les bras.

Présentation d'un élevage de brebis. Viande peu consommée au Japon. De plus la viande de brebis lorsqu'elle est consommée provient le plus souvent de Nouvelle Zélande. Mais cette ferme fournit principalement les grands restaurants du pays.
Le petit de Kakipi. Tarô-kun. Les petits mâles ne restent pas dans la ferme (par conséquent ils s'appellent tous "Tarô"). Après une semaine ils sont vendus. Les femelles elles restent et serviront à prendre la relève. Deux vaches environ par an sont emmenées à l'abattoir soit parce qu'elles sont malades soient parce qu'elles ne peuvent pas ou plus avoir de petits ce qui réduit leur production de lait. 
Le petit est séparé de sa mère peu de temps après l'accouchement. Mais il est quand même nourri avec le lait de sa maman.
Les environs de la ferme sont vraiment beaux. J'ai trouvé là-bas beaucoup de paix et de cœur. Kazuya-san et Yoko-san sont des enseignants généreux. J'ai beaucoup appris à leurs côtés. Ils sont très concernés par ce qui les entoure et tentent vraiment de sensibiliser au mieux les wwoofeurs ou étudiants qui viennent dans leur ferme aux problématiques écologiques, politiques. Ils ne manquent pas de livres et de DVD à faire partager. Nous avons eu des échanges riches et variés. Beaucoup de rires aussi. Tout n'était pas facile mais j'ai puisé là-bas beaucoup d'énergies et j'ai également appris beaucoup sur moi-même.
Avant de me conduire à la gare mes hôtes (au centre) m'ont invité dans un restaurant de cuisine Suisse
Vraiment pour tous ces très beaux moments, pour leur gentillesse et générosité un très grand merci. Ce wwoofing restera longtemps gravé dans ma mémoire. Il s'est conclu par un vers de Louis Aragon que Yoko-san apprécie et qu'elle avait également récité lors de sa dernière classe à Osaka.
学ぶとは誠実さを胸に刻むこと。教えるとは共に夢を語ること」
"Enseigner c'est dire espérance
Etudier fidélité"
(extrait de "Chanson de l'université de Strasbourg")

samedi 5 juillet 2014

Stop à Sapporo 2

 Avant de partir à Shintoku, j'avais refait une petite escale à Sappporo. Quelques aperçus.
Le marché aux poissons




Gérante d'un restau de Ramen, plat très populaire à Sapporo






Photo prise ici à Otaru et non à Sapporo

mercredi 2 juillet 2014

La clef des chants

Désolée pour ce silence. J'effectue en ce moment mon dernier wwoofing dans une ferme laitière où les journées commencent tôt. Tout se passe très bien mais je dois encore trouver mon rythme. Avant cela, je suis passée par la ferme Ui à Shintoku dans la province de Tokachi à Hokkaido. Un très beau wwoofing.
Mes hôtes, Hiroshi-san et Shigeko-san agés du soixantaine d'années sont originaires de Chiba près de Tokyo. Ils font partie de la génération un peu hippie qu'à connu le Japon dans les année 70 dont le leader était Nanao Sakaki. A 23 ans ils ont entrepris de faire le tour du Japon en vélo. Arrivée au mois de septembre à Hokkaido ils ne s'attendaient pas à avoir si froid. Ils ont trouvé refuge chez un hôte qui leur à parlé d'un couple voyageur comme eux qui avaient trouvé leur bonheur à Shintoku. Ils sont allés là-bas, se sont lié d'amitié avec cet autre couple et on posé leurs valises à Shintoku où ils ont décidé de se lancer dans l'agriculture biologique.

Cela fait donc plus d'une trentaine d'année qu'ils exercent le métier de paysan. Ils ont fait le choix d'avoir "peu" de terre afin de cultiver aux mieux leurs légumes (cela n'en reste pas moins beaucoup de travail car la plupart des tâches se font à la main). Mais aussi afin de leur laisser le temps de cultiver leur art. Hiroshi-san est également musicien et Shigeko-san est peintre. Tout deux sont aussi passionnés de culture Ainou. Enfin, ils sont très politisés et il semble qu'à Shintoku tout un cercle de paysans artistes se soit formé au fil du temps et que beaucoup d'actions soient menées là-bas.

La cuisine tient aussi une place importante au quotidien. Le 21 juin pour fêter l'été,  préparatif d'une spécialité d'Hokkaido : le jingitsukan (gengis Khan). Une sorte de pierrade qui à la forme du casque du roi mongol  (ici c'était plus version BBQ) sur laquelle ont cuit des légumes et de la viande de mouton qui n'est consommée qu'à Hokkaido et Okinawa. Le reste du Japon n'en mange pas car l'odeur est trop forte. Ce weekend, deux jeunes lycéennes d'Osaka venaient expérimenter le travail agricole et la vie à la campagne dans le cadre d'un voyage scolaire. Shintoku accueille beaucoup de jeunes citadins pour leur faire découvrir la vie à la campagne.

Et c'est aussi la fête de la musique  ! Hiroshi-san apprend en ce moment l'accordéon.
La fille de mes hôtes au centre sur la photo a vécu en France, notamment en Bretagne qu'elle affectionne particulièrement. Une des spécialités de Shintoku est le sarrasin. La galette devient de plus en plus populaire dans cette petite ville !
Le jardin de Shigeko. Un bel eden. Elle y mène aussi ses expériences comme la permaculture.Les champs se situent à l'écart de la maison.




Le Kamui (kami, dieu en ainou) de la chouette est le gardien des secrets de ce jardin.

 
Le serpent guette aussi.


Dernière photo avant le départ. J'ai passé dix jours très beaux dans la ferme de Ui.C'est un endroit où l'on nourrit l'espérance. Ce fut court mais denses en belles rencontres et apprentissages.; Mes hôtes et les personnes qu'ils m'ont présenté sont toutes très attachées à la terre. On sent le respect qu'ils lui portent. Une connexion qui font qu'ils sont tous très sensibles aux problématiques agricoles mais aussi écologiques, sociales. Ils organisent beaucoup de débats, de séances cinématographiques autour d'un thème, des manifestations. En ce moment une des grandes problématiques est l'accord TTP (accord de partenariat transpacifique). Un contrat qui finirait de faire disparaitre l'agriculture au Japon déjà mise à mal. Pour leurs actions, une des personnalités qui les inspire est notamment José Bové !
Shintoku c'est un petu un petit îlo de politique avec un petit air de Bretagne. Je me suis sentie un peu comme à la maison dans la ferme de Ui !

Shintoku est une région très agricole. Mais l'agriculture bio y reste faible comme dans le reste du Japon. En fait à Shintoku les paysans bio sont principalement des personnes qui viennent du reste du Japon et qui ont décidé de se lancer dans l’agriculture. Les terres y sont pas chers. Mais Hokkaido ce sont aussi des paysages grandioses. 


J'espère pouvoir un jour reposer mes pas sur cette terre rude mais où l'on tente de cultiver la paix et la poésie.